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Le blog d'Alain Boublil

 

40%:la hausse de la production des centrales thermiques en France en novembre

La mise à l’arrêt pour diverses raisons d’une dizaine de centrales nucléaires et un automne plus frais que l’an dernier ont suffi pour bouleverser les conditions de production d’électricité en France au mois de novembre. Face à une consommation en hausse de près de 9%, la production nette d’électricité a chuté de 3,7% ce qui a provoqué un effondrement des exportations. Le solde extérieur a été divisé par 10 et n’a atteint que 0,64 TWh. La production nucléaire a baissé de 12,7% et sa part, qui se situe généralement autour de 75%, est tombée à 68%. Grâce à un bon niveau de remplissage des barrages, l’énergie hydraulique a, en partie compensé, les pertes de production du parc nucléaire, avec un hausse de 18,6%, soit 9% de la production d’électricité. En revanche, les autres énergies renouvelables n’ont été d’aucun secours puisque la principale d’entre elles, celle fournie par le parc éolien, a baissé de 5%. Les ressources apportées par les panneaux solaires qui contribuent pour moins de 1% à la production totale, bien qu’en forte hausse (15,6%) sont à un niveau bien trop faible pour avoir apporté une contribution significative. C’est bien le recours massif (+40,4%) aux centrales thermiques utilisant des énergies fossiles, le gaz naturel mais aussi le charbon, qui a permis de satisfaire la demande. Il n’y a pas eu de coupures comme on le craignait mais cela a provoqué un vif rebond des émissions de CO2 de la France, pour la première fois depuis longtemps.

On a donc pu observer, en vraie grandeur, les conséquences d’une réduction de la production nucléaire. L’expérience se prolongera certainement encore pendant quelques mois, avec la vague de froid intervenue depuis la fin de l’année, et malgré la remise en marche de plusieurs centrales. Elle permet de se rendre compte à quel point l’objectif fixé dans la loi de transition énergétique de revenir à une part du nucléaire de 50% dans la production d’électricité est irréaliste et dangereux pour l’environnement. Cette disposition est en réalité profondément contraire à l’esprit d’un texte qui vise, à juste titre, à réduire les émissions de CO2 afin de lutter contre le réchauffement climatique. La preuve est faite que seules, en France, les énergies fossiles constituent une alternative à la production d’électricité nucléaire. Les ressources hydrauliques sont limitées par la capacité de nos barrages et elles fluctuent en fonction des chutes de pluie. L’énergie éolienne ne peut atteindre un niveau de production suffisant pour compenser une chute de la production nucléaire et ne fournit aucune garantie de disponibilité. Au mois de novembre, quand on en avait besoin, la baisse de leur production a constitué un facteur d’aggravation des tensions. Quant à l’énergie solaire, malgré les subventions considérables dont elle a bénéficié, elle reste marginale avec moins de 1% de la production (0,37 TWh pour une consommation de 44,4TWh) et sa disponibilité, en hiver, quand on a besoin d’énergie, est très réduite.

La solution souvent évoquée du stockage pour faire face aux inconvénients de l’intermittence, est techniquement loin d’être au point. Elle nécessiterait, vues les capacités à stocker, de tels investissements, qu’elle sera inopérante avant très longtemps. Ce n’est pas une raison pour que tous les efforts pour progresser dans ce sens ne soient pas entrepris. Des applications bien spécifiques peuvent être opérationnelles à moyen terme mais elles ne seront pas de nature à constituer une réponse globale comme on essaye de le faire croire. Enfin, il y a une contradiction majeure entre la volonté de renforcer la compétitivité des entreprises, qui ont besoin d’une énergie disponible et aussi peu coûteuse que possible, de protéger le pouvoir d’achat des classes moyennes qui seraient les premières victimes d’un renchérissement brutal du prix de l’électricité et de réduire, voire de fermer toutes les centrales nucléaires, comme le propose par exemple et de façon tout à fait irresponsable Jean Luc Mélenchon dans son programme.  

La position de la gauche, dans son ensemble, sur le nucléaire ne répond pas à la raison ou à l’exigence de justice sociale mais découle du jeu politicien. Il s’agit d’avoir un discours compatible avec les écologistes et ce n’est pas nouveau. Lionel Jospin s’y était essayé mais cela ne l’a pas empêché de devoir affronter deux candidats écologistes en 2002 et d’être éliminé. Martine Aubry avait poursuivi dans cette voie en l'insérant dans les propositions du Parti socialiste mais François Hollande l’avait atténué. Il avait néanmoins conservé dans son programme la fermeture de Fessenheim, mesure aussi absurde que coûteuse et difficile à mettre en œuvre. La loi de transition énergétique s’inscrit dans cette logique. Ses dispositions relatives à la part du nucléaire qui devrait revenir à 50% seront de toute façon inévitablement abrogées car si le prochain président décidait de poursuivre dans cette voie, cela signifierait comme on vient de le constater, que les émissions de CO2 de la France s’envoleraient. Il serait alors difficile d’expliquer au monde que nous avons renoncé à respecter les engagements pris à la suite de la COP 21 et de l’Accord de Paris.