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Le blog d'Alain Boublil

 

0,73%: nouveau record pour le taux français à dix ans

La baisse des taux d’intérêt se poursuit en ce début d’année et l’indicateur TEC 10 de l’Agence France Trésor, qui mesure le rendement de la dette française à 10 ans, affiche un niveau jamais atteint : 0,73%. La perspective d’un accord à la BCE le 22 janvier sur le programme de rachat des dettes souveraines a amplifié le mouvement amorcé depuis plusieurs mois. Les premières adjudications menées par la France pour refinancer les dettes venant à échéance et financer le déficit de l’exercice en cours ont ainsi rencontré un vif succès en ce début d'année

Sur les échéances à court terme, les 5 et 12 janvier, les investisseurs ont accepté, à hauteur de près de 16 milliards d’euros, des taux d’intérêt négatifs. L’Etat va toucher 16 millions d’euros du seul fait d’avoir emprunté. Sur les échéances à long terme, un autre record a été battu le 8 janvier. Prévue pour un montant d’environ 9 milliards d’euros, l’adjudication a rencontré un tel succès que finalement, ce sont 11,3 milliards d’euros qui ont été souscrits, à des taux de 0,79% pour l’emprunt à 10 ans, 1,3%  et 1,77% pour les emprunts à 15 et 30 ans. Mais comme le taux nominal affiché des obligations proposées était supérieur (respectivement 1,75%, 2,5% et 3,25%), l’Etat a en réalité encaissé, suivant le mécanisme décrit dans une précédente chronique, près de 13 milliards d’euros, soit une « prime d’émission » de 1,65 milliard. Le mode de comptabilisation de la charge de la dette ne permettra pas cette fois-ci, comme lors des prochaines adjudications, d’imputer cette somme sur le déficit budgétaire, ce qui le majorera d’autant, et de manière tout à fait artificielle.

La tendance qui se dégage en ce début d’année infirme donc la prévision d’évolution des taux d’intérêt qui a servi de base au calcul de la charge de la dette pour les prochains exercices, qui se trouvait ainsi majorée d’autant. Il y a fort à parier qu’au fil des collectifs budgétaires, en cours d’année, lorsqu’il sera constaté que les recettes ne sont pas au rendez-vous, comme ce fut le cas en 2014, ou lorsqu’il sera nécessaire d’augmenter telle ou telle dotation, par exemple en faveur de l’éducation ou de la sécurité publique, la surévaluation tout à fait artificielle cette charge permettra de procéder aux ajustements en la révisant à la baisse. Mais est-ce une manière professionnelle de gérer les finances publiques ? Ne vaudrait-il mieux pas, plutôt que de se livrer à un véritable déni en dramatisant artificiellement la situation financière du pays, adopter une politique économique qui colle à la réalité et redresser les comptes pas le croissance  plutôt que par la déflation ?

Trois facteurs expliquent la baisse des taux : le taux d’épargne financière élevé des ménages français, qui ne passe pas inaperçu auprès des investisseurs, le contexte d’instabilité financière qui incite ces mêmes investisseurs à prêter à la France, gage de sécurité, n’en déplaise aux Cassandre et aux déclinistes et la volonté affichée de la BCE, conformément à son mandat, de soutenir l’activité à travers des conditions de financement de l’économie à des taux durablement faibles, tant que cela ne présentera pas de risques pour la stabilité des prix.

La France, qui importe la totalité de son pétrole et de son gaz naturel et qui est endettée, doit profiter de cette circonstance exceptionnelle. L’allègement de sa facture énergétique et de sa facture financière ne doit pas faire l’objet d’un déni et doit, au contraire, être mis à profit pour soutenir l’activité, avec, en priorité, l’investissement. C’est à cette  condition que nos équilibres seront rétablis et que la croissance repartira.