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Le blog d'Alain Boublil

 

+0,3%: l'embellie ?

Tel devrait être le rythme de croissance de l’économie française chaque trimestre durant le 1er semestre de l’an prochain selon la dernière « note de conjoncture » de l’INSEE. Saluée, pour une fois, par la presse économique qui y voit l’amorce d’une embellie et par le gouvernement qui y retrouve la justification des prévisons transmises à Bruxelles pour défendre sa politique de retour progressif en dessous des 3 % de déficit public, cette analyse de la conjoncture n’est pourtant pas convaincante.

D’abord elle porte sur des évolutions infimes, quelques millièmes de PIB. Aucun système statistique n’est en mesure de procéder à des estimations aussi précises en cours d’année. Mais le « fétichisme de la décimale » arrange tout le monde : il donne matière à commentaire et il permet parfois de donner une image flatteuse d’une situation, sans que cela corresponde à une réalité incontestable.

Surtout, l’argumentation qui sous-tend le retour à un niveau de croissance trimestriel de 0,3%  contredit le raisonnement gouvernemental qui inspire sa politique économique, à savoir que l’amélioration de la situation financière des entreprises permettra à celles-ci de « rétablir leur compétitivité », d’investir et de créer des emplois, ce qui rendra confiance aux consommateurs et rallumera la demande intérieure.

Selon l’INSEE, et en dépit d’un environnement international favorable avec la baisse massive des cours du pétrole et de certaines matières premières, la contribution du commerce extérieur à la croissance sera quasiment nulle au premier semestre 2015. Et la baisse de l’investissement public et privé se poursuivra, malgré des taux d’intérêt à un niveau historiquement bas. Quant au retour de la confiance chez les ménages qui permettrait la reprise de la consommation, il est différé puisque le chômage continuera son inexorable progression (10,6% à la fin du 1er semestre 2015 contre 10,4% au 3ème trimestre 2014) du fait de la poursuite de la baisse des emplois du secteur marchand. C’est le maintien d’un haut niveau de contrats publics aidés qui freine la montée du chômage et non le retour à une dynamique de croissance saine du système productif. Et cela se retrouve dans les comptes globaux : le seul poste qui continue d'augmenter, et bien plus vite que les investissements et la consommation des agents privés, ce sont les dépenses des administrations (+0,4% par trimestre) alors même que la priorité a été mise sur leur nécessaire réduction. On n’est donc pas à une contradiction près. 

Quant à la consommation des ménages, son évolution résulte essentiellement des fluctuations des dépenses de chauffage : après un automne anormalement doux, la reprise serait en vue…

L’analyse de l’INSEE comporte une double lacune : l’incidence réelle de la baisse historique des taux d’intérêt et les conséquences de la chute des cours du pétrole. Comment expliquer que dans un contexte aussi favorable à l’investissement, celui-ci continue de reculer jusqu’à l’été 2015, défiant toute logique? Surtout, comment justifier que l’allègement spectaculaire des factures énergétiques n’aura aucun impact sur le comportement des agents économiques alors que par le passé, (1986, 1998 et 2009) celle-ci a toujours été synonyme de reprise forte de la croissance ?

La réponse tient peut-être dans ce que la politique économique adoptée par le gouvernement n’a pas intégré ce changement radical de contexte. La France n’en profiterait alors pas autant qu’elle l’aurait pu.