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Le blog d'Alain Boublil

 

1,23%: les taux français à leur plus bas historique

Ce matin, l’Agence France Trésor a recueilli plus de 5 milliards d’euros pour des échéances à 8 et 10 ans avec des taux de 0,94% et de 1,23%. La baisse des taux à long terme s’amplifie, et ce, au  lendemain de la présentation du projet de budget pour 2015 et de l’annonce, par l’INSEE, que la dette publique de la France avait dépassé le « seuil symbolique » de 2000 milliards d’euros. Manifestement, les critiques de l’opposition sur l’incapacité du gouvernement à tenir ses engagements sur le déficit budgétaire et les propos alarmistes sur la solvabilité de notre pays n’ont pas convaincu les investisseurs, puisqu’ils ont souscrit massivement à l’adjudication de l’AFT.

Cet après-midi, Mario Draghi a confirmé qu’il mettrait en œuvre pour une durée d’au moins deux ans, c’est-à-dire jusqu’à la fin de l’année 2016 son programme d’achat d’actifs, ce qui signifie un maintien de taux d’intérêt très faibles durant toute cette période. Soucieux de ménager les tenants (allemands) de l’orthodoxie financière qui l’avaient sévèrement critiqué pour sa politique « non conventionnelle »  au mois de septembre, il a rappelé que les Etats devaient poursuivre dans la voie des réformes et surtout que le niveau de l’euro n’était pas un objectif de la politique monétaire, ce qui est la stricte réalité, inscrite dans les traités. L’euro a immédiatement rebondi, ce qui ne sera pas non plus pour déplaire à Berlin. Un coup au Sud, un coup au Nord : le président de la BCE est un fin tacticien.

Pour la France, n’en déplaise aux Cassandre et aux tenants de la dévaluation, ce sont deux bonnes nouvelles. L’euro faible est une fausse solution, qui renchérit les importations et ne soutient que marginalement les exportations puisque la majorité de celles-ci sont destinées à la zone euro. D’ailleurs, les pays qui ont suivi cette voie sont confrontés à un déficit commercial grandissant. La dévaluation a un effet immédiat : elle appauvrit la France et les Français. Au moment où le pétrole et nombre de matières premières, en raison des nouveaux gisements mis en exploitation et de la stagnation de la demande, entament un cycle de baisse, faut-il, en dévaluant, neutraliser les effets bénéfiques de ce mouvement ?  A l’inverse, la baisse de la monnaie a une traduction positive dans les comptes des entreprises qui ont des activités hors de la zone euro, mais sans que cela n’affecte leurs investissements et les éventuelles créations d’emploi à l’intérieur de la zone euro.  

La seconde bonne nouvelle concerne l’allègement significatif et durable de la charge de la dette publique, puisque celle-ci est financée à taux fixe. Le gouvernement a dû admettre, en deux étapes, que son coût avait été surestimé. En juillet, une diminution de 1,8 milliard avait été constatée. Hier, dans le projet de loi de finances pour 2015, les chiffres de l’exécution budgétaire de 2014 ont été  révisés à nouveau en baisse de 1,7 milliard, soit au total, un écart de 3,5 milliards d’euros et une charge finale de 43 milliards. Pour 2015, la dette coûtera  44,3 milliards, soit une hausse de 1,3 milliard, incompréhensible au vu de l’évolution des taux d’intérêt en 2014. Pour 2016 et 2017, il est prévu une véritable envolée de 3 milliards par an, en parfaite méconnaissance de la politique de la BCE, réaffirmée encore aujourd’hui. La seule explication rationnelle, c’est que le gouvernement se constituerait  une sorte de « cagnotte », qui lui permettrait discrètement de compenser le dérapage de ses dépenses de fonctionnement. Est-ce une bonne méthode de gestion des finances publiques ? Enfin, toujours dans le projet de loi de finances, est prévu un programme de cession des participations publiques à hauteur de 4 milliards. Sachant que les entreprises concernées offrent à l’Etat une rémunération toujours supérieure à 3%, cela vaut-il la peine de renoncer à ces dividendes qui représentent le double des économies réalisées sur la charge de la dette ?