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Le blog d'Alain Boublil

 

7,3%: taux d'épargne financière record des ménages

Durant le deuxième trimestre de cette année, les ménages ont consacré 7,3% de leur revenu disponible à des placements financiers. C'est un record. La tendance, avec la hausse à 7% observée au premier trimestre s'accentue. Non seulement les ménages français épargnent beaucoup, ce qui les place en Europe tout en haut du classement, avec près de 16% au total de leur revenu disponible, mais la part qu'ils consacrent aux placements atteint elle aussi un niveau très élevé. Ces chiffres que vient de publier l'INSEE, avec les comptes trimestriels détaillés de l'économie française, confirment les informations données sur la collecte de l'assurance vie et des comptes d'épargne depuis le début de l'année. Ils constituent à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.

La boonne nouvelle, c'est qu'ils témoignent une fois de plus de la richesse des Français et de leur capacité à financer la dette publique. Le taux d'épargne est largement supérieur au déficit public. La France, à la différence de l'Angleterre ou des Etats-Unis, n'a nul besoin de faire appel à l'extérieur pour la financer. Et si l'appétit des investisseurs internationaux venait à faiblir, le relais serait facile à trouver chez nos ressortissants. D'ailleurs le taux de détention de la dette publique française tel qu'il est établi par l'agence France Trésor qui la gère, est très surestimé puisqu'on sait qu'une grande partie des fonds obligataires souscrits par les épargnants français dans le cadre de leurs contrats d'assurance-vie en euros sont domiciliés, pour des raisons techniques de cotation, au Luxembourg et, de ce fait, classés comme investisseurs étrangers. C'est artificiel mais cet affichage servirait, si cela devenait nécessaire, à conforter la confiance des marchés dans notre attractivité financière.

Tout cela n'a évidemment pas échappé à l'Agence Moody's qui vient de confirmer la note AA1 de la France, en dépit d'une étonnante campagne menée par une presse d'inspiration néo-libérale. En motivant sa décision par la constatation que la France était riche, que son économie était diversifiée et que ses ménages étaient peu endettés, et qu'en conclusion, le risque sur la solvabilité de notre pays était minime sinon nul, Moody's a rappelé une évidence qui semble pourtant échapper à nombre de responsables politiques et de commentateurs. Cette conclusion était, en outre, parfaitement en ligne avec ce qui se constate tous les jours sur les marchés: les taux d'intérêt à moyen et long terme restent à des plus bas historiques et l'écart avec l'Allemagne, qui a pourtant rétabli l'équilibre de ses finances publiques, est lui aussi, autour de 40 points de base, conforme à la tendance de long terme. On attend d'ailleurs toujours, et avec impatience, que notre ministre des finances donne une évaluation des conséquences de la baisse des taux, sur la charge de la dette pour les années à venir, cette économie étant certaine, puisque la France n'emprunte qu'à taux fixe, ce que semblent aussi ignorer, ou que font semblant d'ignorer, nombre de commentateurs.

Mais à côté des ces bonnes nouvelles, il y en a une mauvaise: si l'épargne et particulièrement l'épargne financière est aussi élevée, c'est bien parce que les ménages sont inquiets sur leur avenir et qu'ils répugnent à s'engager dans l'acquisition d'un logement  qui est la destination traditionnelle et principale de cette épargne. Ils craignent de s'endetter, malgré des taux au plus bas, du fait de la précarité de leur emploi, qu'en outre le discours ambiant sur "les réformes" et la "flexibilité" ne contribue pas à dissiper. La crise du logement vient autant de là que d'un excès de réglementation qu'hélas une loi récente n'a pas contribué, bien au contraire, à atténuer. Or cela pèse lourdement sur la croissance puisque le secteur de la construction est une composante essentielle du PIB. Et ce ne sont évidemment pas des incitations fiscales, qui ne produiront que des effets d'aubaine ou des "taux zéros" qui changeront quoique ce soit puisque les taux sont déjà voisins de zéro. Le rétablissement de la confiance, là comme ailleurs, est désormais une condition indispensable au retour d'une croissance économique équilibrée et il passe par une réforme structurelle majeure: la fin des annonces continuelles et contradictoires de nos responsables qui créent un sentiment d'instabilité dissuadant tout engagement durable des agents économiques.