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AB 2000 Site d'analyse

Le blog d'Alain Boublil

 

0%: la croissance française au premier semestre 2014

Les visiteurs fidèles du site ab-2000.com n'ont pas été surpris. Comme annoncé le 19 mai et confirmé le 10 juillet, le mouvement de reprise économique qui s''était dessiné en 2013 a été interrompu. Tous les moteurs habituels de la croissance ont calé. L'investissement des entreprises, malgré les baisses d'impôt et de charges qui leur ont été consenties, a reculé et les ménages, inquiets pour leur situation personnelle, avec la hausse des prélèvements qu'ils ont du subir depuis le début de l'année et le blocage de leurs prestations, le tout dans un contexte de hausse persistante du chômage, ont renoncé à investir dans l'acquisition de leur logement. Les mises en chantiers s'approchent de leur plus bas depuis plus de 20 ans. La consommation réelle ne se porte pas mieux. L'efffet des multiples corrections utilisées par l'INSEE, saisonnières, climatiques ou encore nombre de jours ouvrables, particulièrement sensible avec un mois de mai qui a connu un record de ponts et de jours fériés, ne doit pas faire illusion. La hausse de 0,5% est artificielle, elle sera compensée sur les autres trimestres. La baisse spectaculaire de la consommation de gaz naturel, par exemple au mois de mai, pour les abonnés du secteur résidentiel (-25%), se retrouvera dans les stocks de fin d'année et se traduira par une baisse des importations et une amélioration de la balance commerciale. Mais il n'est pas acquis que l'économie qu'auront fait les ménages sur leurs factures (le raisonnement est aussi valable pour l'électricité) se reportera sur d'autres postes. Le plus probable est qu'elle ira gonfler un peu plus leurs bas de laine: le taux d'épargne financière rstera donc au moins à son niveau record du premier trimestre: 7%.

La solution ne saurait être recherchée du côté des échanges extérieurs puisque deux de nos principaux clients, l'Italie et l'Allemagne ont connu une baisse d'activité. Nos ventes à l'étranger ont donc stagné au deuxième trimestre. Et la faible 'amélioration du solde constatée au premier semestre provient de la réduction de la facture énergétique, elle même consécutive à la baisse des prix du pétrole et de la consommation liée à un hiver très doux, baisse que l'on ne retrouve pas entièrement encore dans les comptes du fait de la politique de stockage des importateurs, elle-même liée aux incertitudes géopolitiques.

La publication d'une hausse de 0,1% du nombre d'emplois salariés dans le secteur marchand au deuxième trimestre ne doit pas davantage faire illusion: elle résulte d'emplois intérimaires et ne compense pas la baisse observée au trimestre précédent. Elle témoigne surtout du manque de confiance des entreprises, malgré les incitations massives dont elles bénéficient maintenant depuis un an. La seule bonne nouvelle, dans ce contexte déprimé, est la stabilité persistante des prix qui favorise le pouvoir d'achat et permet à la France de bénéficier de conditions de financement à long terme très favorables, lesquelles, n'en déplaise à nos détracteurs des deux côtés du Rhin, traduisent  la confiance résolue et sans précédent des investisseurs internationaux dans l'économie française. L'écart de taux avec l'Allemagne (0,3%) est lui aussi à son plus bas historique. Cela se traduira, comme nous l'avons ici révélé, par une réduction significative et durable de la charge de la dette publique. On devrait d'ailleurs en profiter davantage et on se demande encore pourquoi l'Agendce France Trésor, qui la gère, a annulé l'adjudication prévue la 8 août et qui se serait traduite par une nouvelle et spectaculaire baisse du taux des obligations à long terme, source supplémentaire d'allègement de charges pour l'avenir.

Pour corriger le tir, la France n'a pas le choix. Elle doit impérativement rééquilibrer sa politique économique en allègeant les charges qui pèsent sur la demande, et pas seulement sur les catégories les plus défavorisées. Ce ne sont pas elles qui tirent la croissance et en la matière, l'exigence de justice sociale ne se confond pas totalement avec l'effficacité économique. Elle doit aussi lancer le débat sur la gestion de la zone euro. Il ne s'agit pas de sollicitter on ne sait quelle indulgence ou un report d'échéance come un débiteur en difficulté qui implorerait la grâce de son banquier. Il s'agit de remettre en cause des critères de gestion, adoptés il y a plus de 20 ans, à une époque où les déficits extérieurs et l'inflation étaient les craintes principales pour la solidité de la zone euro. Aujourd'hui, la stabilité des prix est assurée, un peu trop, se plaignent d'ailleurs certains, et la zone a un excédent commercial massif. Et la France apporte sa contribution à ces résultats avec une inflation parmi les plus faibles et un déficit des paiements courants inférieur à 2% de son PIB. Quant à ses déficits publics, ils sont largement couverts par un taux d'épargne record des ménages.

Le dogmatisme de certains dirigeants européens fait penser à l'aveuglement du président Hoover au lendemain de la crise de 1929. Ce qui a conféré à cette crise sa dimension historique, ce sont les erreurs d'analyse économique qui ont conduit à des politiques inappropriées, analogues à celles conduites aujourd'hui en Europe. La réalité, c'est que nous avons besoin d'un Roosevelt, mais que pour l'instant nous avons hérité d'un Juncker.