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Le blog d'Alain Boublil

 

-30,3%: la baisse du coût de la dette de l'Etat depuis le début de l'année

L'examen de l'exécution du budget peut révéler de bonnes surprises. A la fin de l'année 2013, l'envolée des recettes de TVA préfigurait la révision en hausse de la croissance au 4ème trimestre consécutive au rebond de la consommation. Cette fois, c'est du côté des dépenses qu'on constate une bonne nouvelle pour nos finances publiques: sur les trois premiers mois de l'année, la charge de la dette est en baisse de 30,3% par rapport à la même période de l'année 2013. On souligne suffisamment le coût de l'endettement public, pour ne pas chercher à comprendre les raisons d'une baisse aussi spectaculaire et d'essayer d'en évaluer les conséquences à la fois économiques et politiques.

La charge de la dette de l'Etat a été évaluée, dans la loi de Finances à 46,7 milliards d'euros contre 44,9 milliards constatés en 2013. Cela représente près de la moitié des dépenses totales de personnel et 15% du budget général. Le directeur de l'Agence France Trésor, qui gère la dette de l'Etat, Ambroise Fayolle, avait expliqué, devant la commission des Finances du Sénat, le 5 Février dernier comment cette charge avait été calculée. Trois facteurs interviennent. L'un est connu, c'est la hausse de l'endettement, du fait du déficit prévisionnel pour 2014, autour de 70 milliards d'euros. Les deux autres reposent sur des prévisions, le niveau d'inflation, pour la partie de la dette qui est indexée (environ 10%) et l'évolution des taux d'intérêt. Les taux à court terme impactent l'exercice en cours, et les taux à moyen et long terme les exercices suivants. 

 Les hypothèses  retenues pour 2014, telles que les a révélées Ambroise Fayolle, étaient de 0,34% pour le taux moyen à trois mois et de 3,3% pour le taux moyen à 10 ans avec une inflation de 1,3% pour la France et 1,6% pour la zone euro. Or les taux courts observés qui impactent l'exercice 2014, sont notablement plus faibles, ce qui explique la baisse de 30% observée depuis le début de l'année: la dernière adjudication de bons à trois mois s'est faite au taux de 0,19% d'où l'économie immédiate constatée. Quant aux emprunts indexés, soit 10% environ de l'encours, le taux d'inflation étant deux fois plus faible que prévu, l'économie sera elle aussi réelle. L'écart, par rapport aux prévisions, sur les taux à moyen et long terme dont la charge annuelle représente environ les trois quarts du total, commencera à se matérialiser sur les dépenses à partir de 2015 et chacune des années suivantes.

Or ce contexte favorable a peu de chances de s'inverser: les déclarations de Mario Draghi excluent une remontée des taux courts avant longtemps et aucun facteur de hausse des prix n'apparait, ni en France, ni dans la zone euro, au point que le crainte de la déflation incite précisément les autorités monétaires à agir pour contrecarrer cette tendance. 

La baisse de la charge de la dette observée depuis le début de l'année reflète cette réalité et elle a toutes chances de se poursuivre. On peut évaluer, pour le seul exercice 2014, l'économie entre 3 et 4 milliards d'euros. Quant aux exercices suivants, le gouvernement serait bien inspiré de faire figurer dans son plan d'économies de 50 milliards ce que la baisse des taux moyens et longs, acquise pour l'année 2014, va lui faire économiser durant les trois prochaines années. Cela renforcerait sa crédibilité auprès de Bruxelles. Cela montrerait aussi aux détracteurs de l'euro les avantages sonnants et trébuchants que la France tire de la monnaie unique, puisque sans elle, notre pays, à l'instar de ce que subissent les Etats-Unis et l'Angleterre, serait forcé d'emprunter à des conditions bien moins favorables .