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Le blog d'Alain Boublil

 

Energies renouvelables : la grande illusion

La confusion entre objectifs politiques et choix environnementaux peut aboutir à créer des illusions et conduire à des erreurs dans le domaine de la transition énergétique. La crise que traverse aujourd’hui l’Allemagne est révélatrice de cette situation. La stratégie retenue, dans la production d’électricité, qui devrait croître dans l’avenir avec les mobilités électriques et la réduction de l’utilisation des énergies fossiles pour les tâches domestiques, reposait sur la sortie progressive du nucléaire, confirmée après la catastrophe de Fukushima, et le développement massif des énergies renouvelables, principalement des éoliennes.

Derrière ces décisions, apparemment conformes aux engagements de réductions des émissions de gaz à effet de serre, se cachaient en réalité des raisons très politiques et elles ont été efficaces puisque la coalition qui avait amené Angela Merkel au pouvoir lui a permis de rester en place 16 ans. Fukushima fut un prétexte pour obtenir le vote d’électeurs tentés par les idées  des écologistes allemands. Le tsunami fut la principale sinon la seule cause des milliers de morts. Le gestionnaire de la centrale avait omis de doter le système de refroidissement des réacteurs d’une deuxième source d'alimentation, située à un endroit protégé. C’est cette faute qui provoqua l’accident et de graves émissions radioactives. Mais il y avait longtemps que les habitants de la région qui n'avaient pas péri noyés s’étaient enfuis.

Les énergies renouvelables étant par nature intermittentes, il fallait pour compenser la diminution de la production d’électricité nucléaire conserver voire accroître la capacité de production des centrales thermiques. Cela a permis de préserver l’activité des nombreuses mines de charbon et de lignite et donner un avantage électoral certain au parti de la Chancelière, la CDU dans les länder concernés. Et la Russie fut choisie comme fournisseur principal de gaz naturel et deux gazoducs, Nordstream 1 et 2 furent construits. C’est le Chancelier social-démocrate Gerhard Schroeder, auquel Angela Merkel allait succéder, qui le premier avait annoncé le retrait du nucléaire, ce qui profitera au gaz russe. Après avoir quitté ses fonctions, Moscou lui a donc confié d’importantes responsabilités dans les sociétés qui allaient fournir Berlin.  Enfin, les motivations industrielles n’ont jamais été absentes. L’EPR avait été conçu à partir d’une collaboration entre Siemens et Framatome dans les années 90, le groupe allemand étant minoritaire. Mais quelques années plus tard, Siemens décida de céder sa participation et se retira de ce secteur. Le groupe investit alors dans la fabrication d’éoliennes et prit le contrôle en 2017 de son concurrent espagnol Gamesa.

La crise énergétique déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie a donc touché en premier lieu l’Allemagne. La hausse massive des prix du gaz naturel et l’incertitude qui pèse sur les approvisionnements cet hiver fragilisent les fournisseurs au premier rang desquels figure Uniper. Le groupe s’était engagé auprès de ses clients à livrer du gaz naturel à un prix convenu avant la crise ukrainienne Il est maintenant obligé, pour respecter ses contrats, de se fournir sur le marché aux prix actuels, ce qui a généré au 1er semestre une perte de près de 10 milliards d’euros et ce qui va forcer l’Etat à intervenir pour éviter sa faillite.

Dans sa politique de transition énergétique, l’Allemagne a commis deux erreurs. La première a été de sous-estimer les conséquences de l’intermittence des énergies renouvelables. On ne peut pas les développer sans parallèlement disposer d’un appareil de production d’électricité  capable de se substituer à ces sources lorsqu’elles ne sont pas en état de fonctionner. Cette première erreur a été aggravée par la décision de fermer les centrales nucléaires. La seule alternative était donc d’accroître la part des centrales thermiques, ce qui est contraire à l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La seconde erreur, et le pays en paye le prix aujourd’hui, a été, de ne pas disposer d’un ensemble de fournisseurs d’énergies fossiles suffisamment diversifié pour garantir la sécurité de ses approvisionnements. En faisant reposer sur la Russie la majorité de ses importations de gaz naturel, l’Allemagne s’exposait à une lourde dépendance dont elle subit les conséquences aujourd’hui avec le risque d’interruptions de la production d’industries essentielles cet hiver et des hausses de prix qui pèseront sur la compétitivité de ses entreprises et sur le pouvoir d’achat des ménages, que le projet de réduction de la TVA, ramenée de 19 à 7% ne fera que légèrement atténuer.

En outre, les arguments en faveur des énergies renouvelables reposent sur deux imprécisions statistiques. Les gouvernements pour vanter leurs efforts en faveur de l’environnement invoquent les investissements réalisés en mentionnant les capacités de production (GW) et les comparent aux sources de production d’électricité traditionnelles. Mais du fait de l’intermittence, il faut comparer les chiffres de production réelle (GWh). Or à capacité égale, les éoliennes produisent deux fois moins d’électricité et les panneaux solaires six fois moins.

La seconde repose sur leur prétendue compétitivité. Mais on oublie de prendre en compte le coût de leur intermittence, à savoir la réalisation des investissements à faire et la maintenance des capacités qui devront fonctionner quand les énergies renouvelables seront incapables de produire. Le principal avantage de ces nouvelles sources, c’est qu’elles réduisent l’utilisation des énergies fossiles pour les pays qui n’ont pas recours au nucléaire. Mais l’abandon simultané du nucléaire fait largement disparaître cet avantage.

Une solution, pour pallier à ces faiblesses a longtemps été mise en avant et a donné lieu à des programmes de recherche et à des subventions publiques, le stockage de l’électricité. Personne ne peut dire aujourd’hui quand et à quel coût cette solution pourra être mise en place avec une capacité suffisante pour répondre à cette exigence essentielle, la sécurité de l’approvisionnement en électricité.

Le terme renouvelable aussi est contestable. Les éoliennes et les panneaux solaires sont des produits industriels traditionnels dont il est difficile de prétendre que leur fabrication n’a pas d’impact sur l’environnement et que leur recyclage, en fin de fonctionnement sera assuré dans des conditions elles aussi qui ne nuiront pas à l’environnement. Il serait bien plus approprié parce que transparent de parler d’énergies intermittentes. Il n’est pas davantage certain que ces sources respectent la biodiversité. Imagine-t-on que les flux migratoires des oiseaux ne seront pas affectés par les pales immenses des éoliennes quand elles tournent ? La même observation peut être faite à propos de la vie des poissons au large autour des éoliennes en mer et des hydroliennes.

Enfin, l’implantation de ces champs d’énergies renouvelables nécessite une profonde adaptation des réseaux de transport et de distribution d’électricité ce qui a un coût qu’il importe de prendre en compte. Ces implantations quand elles sont proches de zones habitées ou de sites touristiques peuvent provoquer une baisse de la valeur des biens immobiliers. Celle-ci peut être partiellement compensée à la suite des consultations organisées pour obtenir les autorisations nécessaires. Mais il y de fortes chances pour que les biens concernés deviennent à terme invendables, par exemple en cas de succession. Qui va acheter une maison qui aura une vue imprenable sur une éolienne ?

La décarbonation des économies et la sécurité des approvisionnements en électricité constituent deux exigences incontournables de la transition énergétique. Même si des problèmes de maintenance peuvent intervenir comme c’est le cas en ce moment en France, le nucléaire est la seule source qui satisfasse à ces deux exigences. La Chine, le Royaume Uni, l’Inde notamment et il faut l’espérer demain le France l’ont compris et ce n’est pas une illusion.           

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