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Le blog d'Alain Boublil

 

France : Croissance zéro au 1er trimestre

La publication par l’INSEE de sa première estimation de la croissance française au 1er trimestre a surpris et déçu. Le PIB a stagné. En même temps l’inflation atteignait sur un an 4,8% et il n’en a pas fallu davantage pour que soit évoqué le spectre de la stagflation, la pire situation qu’une économie puisse connaître avec en même temps l’inflation et l’arrêt de la croissance, ce qui constitue souvent le signe avant-coureur d’une récession. Ces inquiétudes sont pourtant excessives et les chiffres sont moins alarmants qu’ils en ont l’air parce que cette stagnation intervient après un fort rebond en 2021 et parce que la France a été confrontée durant le premier trimestre à un ensemble de conditions très défavorables dues à l’environnement international. D’autres pays ont fait moins bien à commencer par les Etats-Unis où le PIB a reculé de 1,4% pendant cette période.

Les trois précédents trimestres avaient au contraire connu un fort rebond (+1,5% puis 3,0% et enfin + 0,8%) au point que l’acquis de croissance pour 2022, à savoir la croissance totale si l’économie stagnait jusqu’à la fin de l’année, est de 2,4%. Il faudrait donc mieux parler de consolidation plutôt que de stagnation. La principale cause en a été la baisse de la consommation des ménages (-1,3%) alors que l’investissement des entreprises continuait de progresser (+0,7%) après une hausse de 11,9% en 2021. On ne dispose pas encore des données financières du trimestre mais il est vraisemblable que les ménages ont recommencé à épargner et ont abondé comme durant la première phase de la crise leur épargne financière. La construction de logements, après plusieurs trimestres de reprise a aussi baissé, probablement en raison de l’attentisme des acquéreurs devant la dégradation de l’environnement sanitaire et international.

Ce trimestre a été marqué par un ensemble de facteurs profondément défavorables à l’activité économique. Il y a eu d’abord au début de l’année un rebond de l’épidémie. Ses conséquences les années précédentes étaient encore dans les mémoires, ce qui n’a pas incité les ménages à dépenser. Le dérèglement des chaines d’approvisionnement n’avait pas été résolu et avant même que la situation en Chine soit une nouvelle source de problèmes, de nombreuses pénuries étaient apparues, notamment dans le secteur automobile, ce qui pesait sur l’offre de biens. Au milieu du trimestre est intervenue l’invasion de l’Ukraine, ce qui a aggravé les inquiétudes sur l’avenir et a provoqué une hausse brutale des prix de l’énergie. Enfin la reprise de l’épidémie en Chine et les mesures très restrictives adoptées par les dirigeants du pays a encore ajouté à tous ces éléments déjà défavorables un facteur négatif. Pour certaines entreprises il s’agit d’un marché essentiel, soit pour vendre, soit pour se fournir en pièces détachées et cela aura forcément des conséquences sur l’activité du 2ème trimestre.

Tous ces facteurs ont donc concouru à peser à la fois sur l’offre et sur la demande et ont déclenché, du fait des raretés prévisibles sur de nombreuses matières premières et des pénuries sur les chaînes d’approvisionnement de nouvelles hausses de prix. La stagnation économique et l’inflation observés au 1er trimestre ont donc essentiellement des causes extérieures et sont tout à fait indépendantes de l’action gouvernementale comme de la situation des agents économiques. C’est ce qui fait la différence avec les années 70, souvent évoquées comme point de comparaison, dont les déséquilibres provenaient des effets pervers du contrôle des prix sur l’inflation, de la brutale montée du chômage et du déficit extérieur.

Mais cet environnement international très défavorable intervient à un moment où l’économie française va devoir relever de nombreux défis stratégiques car rien ne sera plus tout à fait comme avant. Les chaînes d’approvisionnement sont à reconstruire pour moins dépendre de l’étranger, au moins des pays hors de l’Union Européenne. La transition énergétique va devoir s’accélérer à la fois pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et pour s’affranchir des importations en provenance de Russie dans un contexte de prix durablement élevés des énergies fossiles. La situation des finances publiques qui s’est détériorée du fait de la crise sanitaire va devoir être redressée.

Les mesures adoptées pour atténuer le choc inflationniste et protéger le pouvoir d’achat des ménages ont été justifiées mais ne peuvent être que transitoires. Les hausses de salaires à venir vont donc peser sur les coûts des entreprises au moment où nombre d’entre elles sont confrontées à un nouveau paradigme productif. C’est pourquoi une nouvelle politique économique est à mettre en place qui ne pourra se contenter de soutenir l’activité pour surmonter le ralentissement actuel. Tel sera le défi des cinq prochaines années pour la France.    

       

    

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