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Le blog d'Alain Boublil

 

Quinquennat de François Hollande : l'échec économique en chiffres

La publication des chiffres de l’économie française pour 2016, même si certains sont encore provisoires, permet de dresser un bilan de la politique menée depuis cinq ans et de comparer les résultats aux objectifs affichés. Il s’agissait, à travers une politique de l’offre redonnant des marges aux entreprises, de permettre à celles-ci de replacer l’économie française sur une trajectoire de croissance suffisante pour réduire le chômage, tout en procédant, en même temps, au rééquilibrage des finances publiques afin de satisfaire aux critères européens. François Hollande avait annoncé qu’il respecterait les engagements figurant dans le traité budgétaire qu’il avait trouvé en arrivant au pouvoir et même qu’à la fin de son mandat, les comptes seraient à l’équilibre. L’objectif a été vite remisé et remplacé par un retour à un taux inférieur à 3% du PIB. A sa décharge, à son arrivée, le déficit atteignait 4,8% du PIB, à peine moins qu’en 2011, où il était de 5,1%.

La  situation trouvée en 2012 n’explique pourtant pas l’échec de la politique suivie. Jamais l’économie française n’aura connu ensuite une aussi longue période de stagnation. La croissance n’a été que de 0,2% en 2012, de 0,7%  en 2013, de 0,2%  en 2014, de 1,2%  en 2015 et enfin de 1,1% seulement en 2016, soit une croissance annuelle moyenne sur cinq ans de 0,6% environ. Chaque fois, la prévision faite en début d’année  a dû être révisée en baisse. Cette performance est d’autant plus médiocre que l’environnement international était, entretemps, devenu favorable. A l’automne 2014, le prix du pétrole a chuté, ce qui a réduit la facture énergétique et aurait dû profiter au pouvoir d’achat et à la production en en réduisant les coûts. L’euro, face au dollar, est revenu à un niveau qui n’avait pas été connu depuis 15 ans. Si sa baisse, souhaitée par certains, a neutralisé une partie des effets positifs de la réduction des prix de l’énergie, elle aurait dû soutenir les exportations et donc la croissance. Il n’en a rien été. Enfin, la politique monétaire expansionniste de la BCE a provoqué une chute des taux d’intérêt favorable  aux investissements des entreprises puisque cela réduisait leurs charges financières. Là encore, il n’en a rien été. Les effets  positifs sur les ménages n’ont commencé à apparaître qu’en 2016 avec une nette reprise de la construction de logement et du marché immobilier. Mais la croissance de ce  secteur a été moins génératrice de créations d’emplois que par le passé du fait du recours aux travailleurs détachés.

Durant toute cette période, la France a ainsi été la lanterne rouge des pays de la zone euro. Si le chômage a commencé à se stabiliser en 2016 et a même amorcé à la fin de l’année une décrue dont le caractère durable reste à confirmer, sur les cinq ans, il y a eu 520 000 demandeurs d’emplois n’exerçant aucune activité en plus. L’Etat n’avait pourtant pas lésiné sur les moyens pour alléger les charges des entreprises et les inciter à investir et embaucher. Les différents dispositifs adoptés ont permis une baisse spectaculaire de l’impôt sur les sociétés. Son rendement est passé de 47 milliards à moins de 30 milliards entre 2013 et 2016. Cumulée sur ces quatre exercices, la diminution atteint 43 milliards. Mais afin de respecter les engagements européens, ces réductions de recettes ont du être compensées par des hausses de la fiscalité sur les ménages. Le produit de l’impôt sur le revenu est passé de 60 milliards en 2012 à 71,7 milliards en 2016. La hausse des taxes sur les consommations d’énergie (2.2 milliards entre 2012 et 2016) et l’augmentation du rendement de la TVA sur la même période (11,5 milliards) ont abouti à ce que le prélèvement fiscal transféré des entreprises vers les ménages dépasse 20 milliards d’euros à la fin du quinquennat. Cela n’a d’ailleurs pas été suffisant pour atteindre les objectifs de réduction des déficits publics. En 2016, il était toujours supérieur à 3% et la réduction, en cinq exercices, n’aura été que de 1,5% du PIB. Les prévisions d’un retour à 2,7% selon les documents officiels, pour 2017, a été jugé peu crédible par la Cour des Comptes. Le chiffre est en outre théorique : un nouveau gouvernement entrera en fonction au mois de juin et selon les discours des candidats à l’élection présidentielle, il est fort peu probable que l’effort timide de réduction entrepris depuis 2012, soit renforcé ou même reconduit par la majorité qui sortira des urnes.  

Croissance trop faible, chômage en hausse et réduction insuffisante des déficits publics, tel est le bilan au bout de cinq ans. La raison en est simple : les moyens considérables affectés au redressement des entreprises, n’ont en rien permis le retour de la croissance, contrairement au raisonnement fait alors. Les ressources nouvelles ont peu ou pas du tout, suivant les secteurs, été affectées à l’investissement et à l’embauche. La compétitivité accrue, en théorie, ne s’est pas traduite par une amélioration de leur capacité à exporter, à la différence de nos voisins, qui ont su profiter du contexte international favorable, l’Allemagne bien sûr, mais aussi l’Italie, l’Espagne et même la Suisse, qui a une monnaie que l’on qualifierait ici de surévaluée et des coûts salariaux bien plus élevés. Le déficit commercial, hors énergie, n’a cessé de s’accroître durant ces cinq années, ce qui montre bien que les remèdes imaginés n’étaient pas les bons. Au total, aucun des objectifs affichés par les gouvernements successifs depuis cinq ans n’a été tenu et la France connait toujours un déficit public excessif.

Les causes de cet échec spectaculaire, qui est la principale sinon l’unique cause de la décision de François Hollande de renoncer à briguer un second mandat, car il n’a pas à rougir des autres volets de son bilan, on pense aux engagements extérieurs de la France ou à la résistance que le pays a montré face au terrorisme, tient à une magistrale erreur faite dès 2012 : croire qu’alléger de façon aveugle les charges pesant sur les entreprises et, en même temps, alourdir la fiscalité sur les ménages pour respecter les engagements européens, pouvait remettre l’économie française sur une trajectoire de croissance. C’est très exactement l’inverse qui s’est produit. La raison en est simple. Les politiques de l’offre ne marchent que quand elles sont ciblées et dans un contexte de croissance. Dans un contexte de stagnation, aggravé par le coup de massue fiscal sur les consommateurs, elles n’ont pas d’effet de relance et aboutissent à gonfler la distribution des profits aux actionnaires. Pour les seules entreprises du CAC 40, celle-ci est passée 41milliards en 2012 à 55,7 milliards en 2016, si l’on inclut les rachats d’actions. Les chiffres en 2017 devraient même être encore supérieurs. Et comme, dans le même temps, la fiscalité a dissuadé les particuliers résidant en France de détenir des actions, la part des actionnaires étrangers s’est accru et ceux-ci en ont été les principaux bénéficiaires. Il arrive parfois que les politiques conduites aboutissent à un résultat inverse de ce qui était recherché. A ce niveau-là, c’est sans précédent et le quinquennat de François Hollande restera un cas d’école. Mais le plus surprenant, c’est que l’inspirateur de cette politique, qui a été aussi, au moins pendant deux ans, chargé de la mettre en œuvre, est candidat à sa succession et propose de poursuivre dans cette voie sans que cela suscite la moindre interrogation.

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