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Le blog d'Alain Boublil

 

0,58% : le taux d'intérêt à dix ans de la dette de la France

La baisse des taux à long terme s’est accélérée au mois de février et ils ont retrouvé leur niveau le plus bas depuis avril 2015. C’est d’abord le signe que les marchés considèrent la  France comme l’un des pays les plus solvables au monde. L’écart avec l’Allemagne reste compris suivant les jours entre 30 et 40 points de base. Mais la baisse des taux résulte aussi des anticipations des investisseurs qui parient désormais sur un nouvel assouplissement de la politique monétaire de la BCE au mois de mars. La faiblesse de la reprise dans la zone euro inquiète et la perspective d’un retour de l’inflation à « un niveau proche mais inférieur à 2% », objectif de Francfort, s’éloigne.  

La baisse des taux est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle. La trop faible reprise traduit l’échec des politiques économiques conduites en Europe depuis 2012. Une politique monétaire expansionniste n’a d’effet que si elle n’est pas contrebalancée par une politique budgétaire restrictive. Or le « pacte fiscal » de 2012 qui visait à faire revenir rapidement  les pays de la zone à un déficit public inférieur à 3% a eu un effet dépressif. Il a été aggravé en France par le choix du gouvernement de réduire en même temps les prélèvements sur les entreprises. Le choc fiscal sur les ménages, qui avait commencé en 2011, a été très lourd et a cassé la reprise. La hausse du chômage qui a suivi, a accru le sentiment d’inquiétude. Ceux qui avaient le choix ont préféré  épargner. Les entreprises ont tenu le même raisonnement : elles n’ont ni investi ni embauché plus qu’avant. La politique monétaire n’est pleinement efficace que dans un sens : quand il s’agit, face à des tensions inflationnistes de restreindre la demande. Dans l’autre sens, elle peut amplifier, si nécessaire un mouvement de reprise mais elle ne peut, à elle seule, le déclencher. Les liquidités vont alors abonder les trésoreries des particuliers comme des entreprises. C’est la situation dans laquelle nous sommes.  

Mais il y a aussi un côté positif à la baisse des taux  si l’on sait l’exploiter. Elle permet de réaliser des économies très importantes sur la dette publique qui pourraient utilement servir à alléger la fiscalité ou à stimuler l’activité. Jusqu’à présent l’Etat a fait comme si les taux ne baissaient pas. Ses prévisions tablaient même pour 2015, 2016 et 2017 sur une forte remontée et les évaluations de la charge de la dette étaient grossièrement surévaluées, peut-être avec des arrières pensées tactiques : il fallait faire peur pour que soient acceptées des hausses d’impôt et des économies budgétaires. Mais l’Etat a fait pire : en 2015, il a continué à émettre des titres à des taux très supérieurs à ceux du marché, empochant près de 17 milliards de primes d’émission lesquelles n’ont pas été prises en compte dans le calcul du déficit mais qui se traduiront par des coûts de la dette artificiellement renchéris lors des exercices futurs. C’est cette pratique à laquelle il convient de mettre un terme en priorité si l’on veut que la baisse des taux contribue au redémarrage de l’activité.

Le programme d’émission d’obligations ayant une durée supérieure ou égale à un an pour l’année 2016 est de 187 milliards, dont 120 milliards environ destinés à refinancer la dette ancienne arrivant à l’échéance et 70 milliards pour couvrir le déficit budgétaire. Les OAT qui seront amorties pour un total de 100 milliards ont des taux compris entre 2 et 5%. Les nouvelles émissions comporteront des taux trois à cinq fois plus faibles et  permettront  une baisse significative de la charge future de la dette, sauf si l’Etat persiste à émettre à des taux artificiellement élevés pour toucher les primes qui vont avec. Sur les deux premiers mois de l’année, elles atteignent près de 3 milliards, alors que le taux réel moyen pratiqué sur le marché, toutes durées supérieures à un an confondues, était de 0,48%. L’autre option, c’est de réemployer ces primes à des fins productives, en recapitalisant des entreprises qui en ont besoin ou en finançant des programmes d’investissement. C’est à ces conditions que la politique monétaire conduite par la BCE aura des effets positifs sur l’économie réelle en France et ne fera pas courir le risque, au moment où le chômage atteint des records, de créer des bulles financières spéculatives et éphémères. 

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