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Le blog d'Alain Boublil

 

0,86%:taux des OAT à cinq ans émises le 17 avril

Le coût de financement réel de la dette française ne cesse de se réduire. Le 17 avril, le Trésor a émis des obligations à deux et à cinq ans. La demande a été  forte puisqu'à peine la moitié de celle-ci a été servie et les taux ont enregistré une nouvelle et spectaculaire baisse: 0,32% pour le taux à deux ans, et 0,86%  pour le taux à cinq ans. Les 8 milliards ont donc été levés sur le marché à un taux d'intérêt réel nul puisque l'inflation se situe, sur une base annuelle, à 0,6%.

La baisse est significative depuis le début de l'année: en janvier la France empruntait à cinq ans au taux de 1,24%. On pourrait en conclure que "les marchés" viennent de donner un satisfecit au plan Valls et au pacte de responsabilité annoncé par le Président de la République. Ce serait excessif mais cela témoigne néanmoins de l'extrême crédibilité financière de la France. L'écart avec l'Allemagne sur les taux de référence à dix ans est tombé en dessous de son niveau structurel de 50 points de base et nous empruntons dans des conditions bien plus favorables que les Etats-Unis et l'Angleterre, pourtant si souvent donnés en exemple. Mais la politique suivie n'est pas la principale raison.

Si la France trouve des conditions de financement aussi favorables, c'est grâce à l'euro et à sa force, n'en déplaise aux partisans des dévaluations compétitives. Les investiseurs "non-résidents" qui représentent les deux tiers de la dette publique française (ce qui ne veut pas dire qu'in fine il ne s'agisse pas de Français car nombre d'OPCVM souscrits par des Français sont domiciliés à l'étranger, au Luxembourg notamment, pour des raisons de techniques de cotation) sont évidemment attirés par des placements dans une monnaie solide et ils sont prêts à consentir des sacrifices sur les taux pour avoir une garantie sur le principal. Ce n'est d'ailleurs pas le seul avantage d'une monnaie forte : cela réduit le coût de nos approvisionnements en pétrole et en gaz et c'est donc bon pour le pouvoir d'achat, même si cela pèse sur les résultats des sociétés qui ont investit massivement, et parfois trop, dans des pays à monnaie faible. Les Allemands et les Italiens ont compris cela depuis longtemps et ont su s'adapter. On ne peut pas avoir le beurre (les taux bas et un meilleur prix de l'essence) et l'argent du beurre, à savoir la protection artificielle des marges, au détriment du pouvoir d'achat.

Et pour la France, qui est très, voire trop endettée, la baisse des taux, grâce à l'euro, procure déjà des avantages substantiels. On en a un premier aperçu dans les statistiques d'exécution budgétaire des deux premiers mois de l'année. La charge de la dette publique avait représenté en 2013 45 milliards d'euros. La durée moyenne étant d'environ sept ans, selon les données publiées par l'Agence France-Trésor, le taux effectif payé a donc été de 3,1%. Sur les deux premiers mois de l'année, la charge de la dette a baissé de 37%, soit une économie de 900 millions d'euros. On ne peut évidemment exclure des effets de calendrier et ce chiffre n'est pas extrapolable en année pleine. Quoique. Un simple calcul montre les économies budgétaires considérables que procure la baisse des taux d'intérêt. 

Le taux à sept ans observé en mars lors de la dernière adjudication s'élevait à 1,46% soit la moitié du taux moyen payé par l'Etat sur l'ensemble de sa dette. Le simple maintien de taux bas durant les prochaines années permettra des économies que l'on peut chiffrer entre 15 et 20 milliards d'euros par an suivant l'évolution du déficit. Soit plus que le plan d'économies prévu dans le Plan Valls. CQFD. Merci l'euro.

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