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Le blog d'Alain Boublil

 

AA1: la bonne note de Moody's

Moody's a maintenu la notation de la France: AA1, c'est la deuxième meilleure note possible. Elle reste toutefois assortie d'une perspective négative, c'est-à-dire que si l'agence doit modifier son jugement dans l'avenir, ce sera dans le sens d'une dégradation.

La décision de Moody's ne fait que suivre l'appréciation portée par les marchés financiers chaque jour: le niveau des taux d'intérêt demandé par les prêteurs au Trésor public français reste très bas, signe de la confiance dans la crédibilité de l'action gouvernementale et dans la solidité financière de notre pays. Les taux à dix ans de la France était, avant la décision de l'agence, de 2,26%, exactement à mi-chemin entre l'Allemagne (1,58%) et les Etats-Unis et le Royaume-Uni, (2,84%). Le cas du Japon, avec un taux de 0,63% est atypique car il reflète l'excès de l'épargne japonaise par rapport aux besoins réels du pays, excès qui n'est pas sans rapport avec la longue stagnation de son économie.

Alors pourquoi ce décalage entre la réalité, la note de la France, le niveau très bas des taux d'intérêt constaté sur les marchés, et les commentaires systématiquement négatifs qui entourent chaque publication relative aux résultats de l'économie française?

Si l'on écarte ce qui relève du parti pris politique ou idéologique, il faut rechercher l'explication de ces jugements erronnés dans la non prise en compte d'une caractéristique essentielle de notre économie, le taux très élevé de l'épargne financière des ménages: 6,8% de leur revenu disponible brut sur les neuf premiers mois de l'année 2013, en hausse par rapport à l'année 2012 (6,2%).  Ces chiffres résultent du rebond de collecte nette observé en 2013 pour les livrets A et développement durable (+19 milliards) et pour l'Assurance-vie (+13 milliards à fin novembre). L'encours des livrets à la fin de l'année représentait 367 milliards et l'assurance vie près de 1500 milliards d'euros. Cette abondance d'épargne, confortée par la confiance dans le maintien d'une très faible inflation, facilite mécaniquement le financement de la dette publique et donc contribue à la solidité financière du pays. Mais il existe un autre facteur, bien plus important et sous-estimé, la démographie.

Dans le groupe des cinq pays cités ci-dessus, l'Allemagne et le Japon payent des taux très faibles du fait d'un excès d'épargne par rapport aux besoins réels du pays du fait d'une démographie déclinante. A l'inverse, les Etats-Unis et, dans une moindre mesure le Royaume-Uni, ont une démographie dynamique mais payent des taux plus élevés parce qu'ils ont une épargne financière des ménages insuffisante.

La France, elle, a à la fois une démographie dynamique et une épargne financière élevée, ce qui est la meilleure garantie d'équilibre financier en longue période. La question de l'endettement public se pose donc en des termes différents car le déficit public équivaut à un transfert entre épargnants et bénéficiaires de la redistribution de la dépense publique. C'est de l'argent que les Français se prêtent entre eux. Quand au remboursement de la dette, il se résumera à des jeux d'écritures: la génération suivante héritera à la fois de la dette et de l'épargne accumulée par ses parents.

Est-ce pour autant qu'il faille relâcher l'effort de réduction des déficits publics? Evidemment non, car ce mode de transfert n'est pas assez transparent et des progrès doivent être accomplis dans la gestion de la dépense. Mais on le contrarie en sous-estimant les résultats obtenus et les points forts de notre économie par rapport à nos concurrents, points forts que les marchés financiers et les agences de notation, eux, ont parfaitement intégrés.

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