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Le blog d'Alain Boublil

 

0,53% : le taux des emprunts à 10 ans de l'Etat

Défiant à nouveau les prévisions, la France continue de bénéficier de conditions de financement historiquement basses. Le taux à dix ans publié par l’Agence France Trésor s’élevait le 5 décembre à 0,53%, le niveau le plus faible depuis plus d’un an et il a baissé encore le lendemain pour retomber à 0,51%. Cette situation devrait, contrairement aux données figurant dans le projet de loi de Finances pour 2018, durer  pendant la majeure partie de l’année prochaine. Trois facteurs soutiennent cette tendance. Le plus important provient des dernières décisions de la Banque Centrale Européenne. Le programme d’achat d’obligations est prolongé jusqu’à l’automne 2018. Même si son ampleur est réduite, le signal donné est fort et l’institution s’est en outre accordé le droit de réinvestir les titres venant à échéance, ce qui accroit encore l’impact de ses décisions sur le marché des dettes publiques. Le deuxième facteur, c’est la persistance d’un faible taux d’inflation en France et d’une épargne financière des ménages élevée dans la zone euro. La demande privée de titres est donc forte. Enfin notre pays bénéficie d’une grande confiance des investisseurs. Le « spread » vis-à-vis du taux de référence allemand est retombé autour de 30 points de base. Il profite aussi des nombreuses incertitudes politiques régnant en Europe, au Royaume-Uni du fait du Brexit et même en Allemagne avec les difficultés rencontrées pour constituer un nouveau gouvernement

La dette négociable de l’Etat s’établissait à la fin du mois d’octobre à 1680 milliards, dont environ 140 milliards à court terme, celle-ci bénéficiant de taux négatifs. Ainsi les dernières émissions, en date du 4 décembre, pour un montant d'environ 6,5 milliards,  se sont effectuées avec des taux compris entre -0,65 et -0,75%. Elles vont rapporter à l’Etat plusieurs dizaines de millions, comme chaque semaine depuis près de deux ans. L’essentiel de la charge concerne donc la dette à moyen et long terme, soit 1540 milliards, dont près de 200 milliards ont été émis avec des clauses d’indexation sur l’inflation en France ou dans la zone euro. 

La dette de la France est à taux fixe. Une éventuelle hausse n’aurait de conséquences que sur les nouvelles émissions et seulement si celles-ci s’effectuaient à des taux supérieurs aux émissions venant à maturité. Or on en est loin, même dans les cas les plus pessimistes, et, au demeurant parfaitement invraisemblables. Ainsi, en 2018, la France va devoir refinancer pour environ 55 milliards des obligations portant un intérêt de 4 et 4,25% qui ont donc coûté, chaque année plus de 2 milliards en intérêt. Si, et c’est une hypothèse théorique puisqu’il est peu vraisemblable que les taux remontent aussi vite, elles sont refinancées par des obligations portant un intérêt de 1%, l’économie pour chacune des années suivantes serait encore de 1,5 milliard. Autre facteur rassurant, la durée de la dette à moyen et long terme de l’Etat  a augmenté pour dépasser maintenant huit années, ce qui atténuerait encore, les conséquences d’un retour à des taux d’intérêt comme ceux pratiqués dans le passé.

Le risque n’est donc pas là. Même si le retour d’une forte inflation dans la zone euro est peu probable, ses conséquences pour le coût de l’endettement de l’Etat seraient, elles, significatives puisqu’une partie de cette dette est indexée et que la charge de cette indexation est prise en compte l’année de l’amortissement. Ainsi en juillet 2020, pour une obligation portant intérêt de 2,25%, l’Etat devra rajouter plus de 5 milliards qui viendront s’imputer sur le budget de l’année. Ce choix renvoyait à une époque où la France n’était pas un très bon élève en matière d’inflation et on espérait ainsi réduire la charge des emprunts en les indexant sur l’inflation de la zone euro. Cette période est révolue et on comprend mal la poursuite de telles pratiques. Une crise majeure débouchant sur une forte inflation en Grèce ou en Irlande n’a aucune raison de se répercuter sur nos finances publiques. Il n’y a donc plus aucun intérêt à émettre ce type d’obligations. Pour éviter que la charge soit concentrée sur un exercice budgétaire, comme en 2020, l’Etat pourrait décider de provisionner chaque année le coût de cette indexation. Il serait aussi judicieux d’utiliser les ressources tirées de nos primes d’émission, qui même en forte baisse en 2017, devrait  quand même dépasser 6 milliards, pour racheter sur les marchés cette dette particulièrement coûteuse.

Le poids de la charge de la dette sur les soldes budgétaires n’est donc pas négligeable mais il n’augmentera pas, bien au contraire, dans les prochaines années, démentant les déclarations alarmistes que l’on entend partout. Mais des progrès restent à faire pour, en gérant mieux cette dette, profiter davantage de la baisse profonde et durable des taux d’intérêt et faciliter la réduction de notre déficit budgétaire. Les discours sur le niveau d’endettement et sur les conséquences d’une hausse des taux sont donc sans fondement. Il serait bien plus intéressant de débattre de l’utilisation de l’argent public.

 

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