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Le blog d'Alain Boublil

 

Brésil : cela va mieux

Après deux années noires, le Brésil devrait connaître une reprise économique en 2017. Pour la première fois depuis 2013 et la descente aux enfers d’un pays qui se voyait alors parmi le six premières économies mondiales et dont le PIB avait dépassé celui du Royaume-Uni, des signes d’amélioration économique apparaissent. La profonde  récession intervenue en 2015 et qui s’est prolongée en 2016 avec chaque année une baisse de la production de 3,7% pourrait laisser la place à une croissance, certes modeste, en 2017 d’environ 1,5%. La situation politique s’est clarifiée et le président Temer qui a remplacé Dilma Rousseff après sa destitution a réussi à rétablir une certaine confiance parmi les milieux économiques. Il se fixe comme objectif de réduire les déficits publics et ses premières décisions sont accueillies favorablement. Il a ainsi restauré, au moins en partie, la crédibilité de l’Etat, qui avait été durement éprouvée depuis deux ans  et il écarte de ce fait  les menaces qui pesaient sur la dette extérieure du pays.

Le premier signe concret de ce nouveau contexte est le rebond significatif de la devise brésilienne, le réal. Elle était tombée autour de 4,20 réals pour un euro au début de l’année et vaut aujourd’hui 3,60. Il ne fallait pas non plus sous-estimer le risque économique et politique que faisaient peser les Jeux Olympiques, qui se sont déroulés sans incidents, au mois d’août. Les dépenses jugées excessives par le peuple brésilien avaient donné lieu à de nombreuses manifestations avant les Jeux. On redoutait qu’elles redoublent pendant le déroulement des épreuves. Il n’en a rien été. Des doutes sérieux s’étaient aussi fait jour sur la qualité des installations et des infrastructures, qui auraient pu affecter encore le jugement porté sur la santé du pays et sa capacité à poursuivre son développement. Là encore, tout s’est bien passé. L’indice de la bourse de Sao Paulo, le Bovespa, a connu une très forte reprise et est en hausse de 45% depuis le début de l’année, signe du retour de la confiance des investisseurs, d’autant plus marquant que sur cette période, les marchés financiers des pays développés avaient du mal à résister aux pressions à la baisse.

Le Brésil avait bénéficié pendant ses années de croissance forte de la hausse de ses exportations de matières premières et de l’augmentation des prix résultant en partie de la demande chinoise. Le ralentissement de celle-ci a pesé sur l’économie du pays et les prévisions pessimistes, maintenant démenties par les faits, sur la capacité de Pékin, à réorienter son économie, avaient contribué à aggraver une situation déjà difficile. Le secteur pétrolier, devenu stratégique, à la suite de la découverte de gisements massifs, à grande profondeur, devait lui aussi contribuer à l’activité par les investissements considérables nécessaires à leur exploitation. Mais la chute des prix du pétrole a engendré un ralentissement des efforts de Petrobras et a pesé sur l’activité de tous les sous-traitants. A cela s’est ajouté le scandale de corruption qui a affecté la première entreprise du pays et entrainé le départ de plusieurs de ses dirigeants. Les prévisions de production qui avaient été annoncées, avec par exemple un niveau de plus de 2,5 millions de baril par jour en 2016, n’ont pas été tenues. Cette année, la compagnie en extraira environ 2 millions. Mais la nomination d’un nouveau dirigeant, M. Parente et les conditions qu’il a mises avant d’accepter le poste, si elles sont respectées par l’Etat, peuvent laisser espérer un retour de l’entreprise vers un développement normal. Or il est bien connu que quand Petrobras va mieux, le Brésil va beaucoup mieux. Sa dette est l’une des plus élevées parmi les entreprises du secteur, avec plus de 120 milliards de dollars, et une forte exposition aux taux de change puisqu’elle est libellée pour une large part en dollars. M. Parente a insisté pour qu’il n’y ait plus d’interférences politiques dans le choix des dirigeants de l’entreprise, et, sur ce point, les engagements du gouvernement actuel devraient pouvoir être tenus, tant l’opprobre qui a marqué la gestion de Dilma Rousseef est présente dans les mémoires. En revanche, sa volonté d’obtenir la fin des interventions de l’Etat dans la fixation des prix pétroliers, va se heurter non seulement à la pression populaire qui n’acceptera pas les hausses nécessaires pour rétablir la rentabilité de l’entreprise et s’aligner sur les cours mondiaux, mais aussi aux exigences de la politique gouvernementale qui est confrontée à une inflation très élevée, près de 10% par an depuis trois ans, et parfaitement atypique, dans le contexte de stagnation mondiale des prix.

La possibilité offerte aux compagnies étrangères de participer à l’exploitation des gisements est, en revanche, un signal très positif. A côté d’une présence bureaucratique envahissante, le Brésil a une tradition protectionniste incompatible avec les défis de la mondialisation auxquels le pays sera confronté s’il veut repartir de l’avant. La présence au pouvoir d’un parti plutôt apprécié par le monde de affaires, le PSDB, qui fut celui d’Henrique Cardoso, qui rétablit l’économie du pays durant les années 80, est un également un atout. Les prochaines élections ne devraient pas avoir lieu avant deux ans mais on estime, à Brasilia, que cette fois les chances d’Aecio Neves, lui-même membre du PSDB, qui fut battu de peu par Dilma Rousseff en 2014, sont renforcées, ce qui assurerait la continuité politique indispensable pour mettre en place les réformes économiques dont le pays a besoin.

L’économie mondiale, en cette fin d’année 2016, est affectée par la présence de nombreux risques, de par le monde, qui pèsent sur la croissance. Le risque chinois, traditionnellement surestimée, perd chaque jour de son ampleur. La gestion du taux de change par les autorités devient plus professionnelle au fil du temps, la bourse de Shanghai s’est stabilisée au dessus de 3000 points, la réorientation de l’économie vers la demande intérieure se met lentement en place et les surcapacités dans l’industrie lourde se résorbent. Les dettes intérieures restent élevées mais l’accumulation de réserves par l’Etat fait qu’elles ne présentent pas le même risque que dans les pays occidentaux. Les élections américaines semblent jouées et la crainte de voir choisi Donald Trump, dont on ne sait rien de ses choix économiques et dont la personnalité inquiète les uns et révolte les autres, se réduit aussi chaque jour. Le risque de la faillite d’un grand pays émergent comme le Brésil s’éloigne avec le retour de la stabilité politique et la remontée lente mais réelle des prix des matières premières, au premier rang desquelles figure le pétrole.

Finalement, il reste le « Brexit ». Lui, il ne faut pas le sous-estimer car les incertitudes concernant le calendrier et la nature de la rupture avec l’Europe vont croissantes et la menace que cela fait peser sur l’une des premières économies mondiales, dotée d’une place financière stratégique, voire systémique, sont considérables. Une forte récession au Royaume-Uni et une chute prolongée de la livre, auraient forcément des répercussions au-delà des frontières du pays.     

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