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Le blog d'Alain Boublil

 

Croissance:+0,3%, Emploi:+0,1%

Il y a aujourd'hui non pas un mais deux chiffres du jour et il vont dans le même sens: l'économie française se redresse. Infirmant la plupart des prévisions, la croissance a été de 0,3% en 2013 et la France n'a connu ni récession, ni même un seul trimestre de croissance négative l'année dernière. Quant à l'emploi dans le secteur marchand, au quatrième trimestre, il s'est accru de 0,1%, soit près de 15 000 salariés. Si la courbe du chômage ne s'est pas inversé à la fin de l'année 2013, la courbe de l'emploi, elle, s'est retourné et pas seulement dans le secteur public du fait des emplois aidés. C'est la première fois depuis deux ans.

Le rebond de l'économie française était déjà patent à la simple lecture des rentrées de TVA du 4ème trimestre. La reprise de la consommation des ménages résulte de la hausse du pouvoir d'achat et surtout d'un inflexion des anticipations: le taux d'épargne financière record de ces dernières années, signe d'une inquiétude face à l'avenir, se stabilise. En revanche, les ménages ne convertissent pas encore cette épargne en devenant propriétaires d'un logement, la construction restant sur une tendance récessive qui pénalise l'ensemble de l'économie. La politique du logement reste un échec, faute d'avoir trouvé les mécanismes appropriés pour la réformer. Puisque l'"économie de l'offre" est redevenue à la mode, pourquoi ne pas l'appliquer à ce secteur?

Enfin, la reprise de l'investissement des entreprises, infirme le discours catastrophiste du MEDEF sur leur situation. Elles ont de multiples moyens d'employer les ressources dégagées par leur activité: en arbitrant en faveur d'investissements en France plutôt que dans des opérations hasardeuses à l'étranger ou, pour les sociétés cotées, dans des programmes de rachat d'action. Les derniers chiffres montrent qu' elles sont en train de revenir à des stratégies plus équilibrées.

La hausse des emplois intérimaires, qui est à l'origine de l'inversion de la courbe de l'emploi marchand, ne doit pas atténuer, bien au contraire, le jugement favorable que l'on porte sur ce retournement de tendance. C'est un indicateur avancé généralement fiable des tendances futures du marché de l'emploi.

Alors pourquoi ces erreurs de diagnostic et de prévision qui ont marqué l'année 2013%? Pour trois raisons. L'une est purement statistique. Quand on est en présence de variations aussi faibles de l'activité, bien inférieures à la précision des dites statistiques, on devrait se garder, même si cela nuit à leur retentissement médiatique, de faire des commentaires péremptoires. La seconde est moins innocente. Quand on espère tirer profit d'une mauvaise nouvelle, pour obtenir de l'Etat un avantage, on a tout intérêt à noircir le tableau. C'est la logique de l'Etat-guichet. Or nombre d'organismes d'analyse économique, d'une façon ou d'une autre, sont liés à des intérêts privés. La troisième est plus préoccuppante car elle touche les organismes publics qui n'ont pas été plus perspicaces. Elle relève de la tactique. Pour obtenir des sacrifices, notamment sur le plan budgétaire ou fiscal, l'Etat a tendance lui aussi à noircir le tableau pour faire accepter les efforts, au demeurant parfaitement légitimes, qu'il demande. C'est ce qui s'est passé durant toute l'année 2013.

Ce faisant, il pèse sur les comportements des agents économiques qui sont souvent dictés par leurs anticipations et il provoque un effet dépressif. La bonne nouvelle, c'est que cet incontestable effet dépressif n'a pas été suffisant pour plonger la France dans une récession, pourtant annoncée par tous. Ce qu'il faut espérer, c'est qu'à l'avenir, les institutions publiques cessent de céder à la tactique au profit du stratégique, c'est-à-dire que l'Etat devienne, enfin, un vrai "Etat-stratège".