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Le blog d'Alain Boublil

 

Déficit commercial record au Japon: 9,2 milliards d'euros

Cité pendant des décennies comme un champion de l'exportation et une grande puissance commerciale, le Japon ne semble pas profiter de la politique "révolutionnaire" mise en place par le gouvernement Abe. Car son déficit extérieur s'accompagne d'un déficit budgétaire massif et d'un endettement public dépassant 200% de son PNB, le double de tous les grands pays développés.

Ses exportations ont atteint 41,8 milliards d'euros, soit à peine plus (11%), que les derniers chiffres connus pour la France (36,5 milliards), alors que l'économie japonaise pèse le double de la nôtre. Incidemment, ce simple constat devrait tempérer les critiques formulées en permanence sur notre propre compétitivité. Si nous réussissons à exporter presqu' autant qu' un pays cité pendant des décennies comme la référence, ce n'est pas si mal...

On peut tirer trois enseignements de" l'expérience japonaise".

Le premier, c'est que la dévaluation est un moyen illusoire pour rétablir les comptes extérieurs. Le Yen a été dévalué de plus de 20% depuis le début de l'année contre les grandes monnaies internationales, et cela ne l'a pas aidé à rétablir sa compétitivité, bien au contraire.

Le second, c'est qu'on ne bouleverse pas sa politique énergétique du jour au lendemain sans lourdes conséquences. L'une des principales raisons du creusement du déficit, c'est, depuis l'arrêt de la plupart des centrales nucléaires à la suite du tsunami qui a dévasté la centrale de Fukushima, la montée des importations de gaz et de charbon. Cela s'est répercuté en outre sur les coûts de production de l'électricité et donc sur les charges des entreprises. Et comme cela intervient dans un contexte de dévaluation de la devise japonaise, la facture énergétique du pays et son déficit extérieur, se sont accrus d'autant.

Mais le troisième enseignement, et de loin le plus important, c'est qu'on ne se brouille pas impunément avec son premier client, en l'occurence la Chine. La tension à propos de quelques îlots rocheux inhabités revendiqués par les deux pays a provoqué une réaction forte de la population chinoise  et les entreprises japonaises, en premier lieu dans le secteur de l'automobile,commencent à en payer le prix. Les relations entre les deux pays n'ont jamais été simples par le passé, mais la population chinoise a pris fait et cause pour la ligne dure adoptée par son gouvernement et elle a réagi en réduisant fortement ses achats de produits de marques japonaises, quelque soit le lieu où le produit était fabriqué. Et les grands bénéficiaires ont été les constructeurs non japonais. Peugeot et Citroën vont batttre des records de production et de vente cette année et l'intérêt de Dongfeng, son partenaire, pour un resserrement des liens est tout sauf dû au hasard. Renault avait de tout temps laissé le champ libre à Nisssan en Chine. Là encore, le subit intérêt de l'entreprise comme celui de Dongfeng, encore lui, pour un nouveau partenariat, n'est pas vraiment une coïncidence.

Les entreprises françaises seraient donc bien inspirées de réévaluer leur stratégie en Chine, au vu des difficultés que rencontre le Japon, et qui se reflète dans son déficit extérieur abyssal.