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Le blog d'Alain Boublil

 

Pour relancer la croissance en Europe, créons des "Green Bonds"

Pour relancer la croissance en Europe, décidons d’émettre avec la signature de l’Europe, des "green bonds", c’est-à-dire des emprunts destinés à financer la transition énergétique et écologique du continent.

L’Europe a un double rendez-vous avec l’Histoire, en cette fin du mois de juin 2012. Au  sommet de Rio, il s’agira de faire entendre notre voix pour replacer notre planète sur une trajectoire soutenable. À Bruxelles, quelques jours plus tard, il faudra apporter une réponse crédible à la plus grave crise que l’Europe ait connue depuis sa création. 

Nous sommes très en retard sur les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, et pas seulement à cause de l’Europe. Et ce n’est un mystère pour personne que notre continent traverse une récession qui inquiète à juste titre nos partenaires, car elle fait peser des risques graves et immédiats sur l’économie mondiale.

Compte tenu des conditions actuelles des marchés, un taux inférieur à 3 % doit pouvoir être obtenu sans difficulté. Ces ressources seront mutualisées. Elles seront ensuite affectées au financement des investissements et des incitations offertes aux entreprises et aux ménages.  

Elles profiteront aussi aux États : les financements ou les subventions qu’ils accordent aux agents économiques seront désormais assurés par les "green bonds", ce qui réduira d’autant leurs charges budgétaires, fera baisser leurs déficits et accélèrera le retour à l’équilibre sans pénaliser, au contraire, la croissance. Cela aura en outre un avantage : plus les États     s’engageront dans cette stratégie de transition, plus leur fardeau budgétaire sera allégé. Il y aura ainsi une prime à la vertu et un soutien à la croissance.

Les bénéficiaires des "green bonds" seront aussi les producteurs d’énergie. La modernisation des réseaux, le passage aux énergies renouvelables nécessitent des capitaux importants ou des subventions stables dans le temps. On l’a vu par exemple avec les éoliennes en mer et les centrales solaires. Les financements à très bas taux faciliteront la réalisation de ces projets, créateurs d’emplois et porteurs d’innovation pour toute l’industrie en Europe. Surtout, l’écart de coût de production entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables baissera, ce qui réduira d’autant la contribution demandée au consommateur et les diverses aides distribuées par les États, d’où une nouvelle source d’économies budgétaires.

Mais les principaux agents économiques concernés seront les familles et les entreprises. Un vaste effort d’investissement doit être mené dans toute l’Europe pour réduire nos consommations d’énergie, ce qui contribuera à l’activité et à la réduction des déficits extérieurs puisque l’essentiel de l’énergie fossile est importé. Or les familles les plus touchées par la hausse des prix de l’énergie n’ont pas les moyens de s’endetter davantage pour effectuer les travaux d'isolation de leurs logements et les familles qui en ont les moyens ont le plus souvent d’autres priorités. La mise à disposition des ressources collectées par les greens bonds permettra de résoudre ce dilemme.  

Les entreprises de toute taille, grâce à une distribution décentralisée des aides respectant la tradition politique de chaque pays, pourront bénéficier gratuitement de diagnostics relatifs à leur efficacité énergétique et de financements à des conditions privilégiées pour réaliser les investissements jugés nécessaires au terme du diagnostic.

Ainsi aura-t-on satisfait à la fois aux exigences du long terme, favoriser un modèle de développement qui affecte moins les grands équilibres écologiques et les impératifs du court terme, relancer la croissance en Europe et préserver ainsi l’acquis historique de deux générations d’hommes et de femmes décidés à vivre enfin paisiblement ensemble.

On ouvre aussi un nouveau champ d’intervention pour les politiques communautaires et on finance une réforme de structure majeure, qui recueille un fort consensus aussi bien en France qu’en Allemagne, ce qui, dans le climat actuel de tension, n’est pas négligeable. Cette nouvelle politique commune se traduira rapidement par des créations d’emplois et facilitera le retour des États à une situation budgétaire plus saine, ce qui calmera les inquiétudes des marchés financiers et restaurera la crédibilité de l’euro.

À défaut, la directive "efficacité énergétique" qui vient d’être adoptée au terme de laborieuses négociations a toutes chances de rester lettre morte.

 À côté des "projects bonds" dont l’idée a été lancée pour soutenir la croissance, qui sont censés financer des grands programmes d’investissement avec des retombées à long terme, comme la réalisation d’autoroutes ou de lignes TGV, et qui bénéficient surtout aux  grands groupes, les ressources nouvelles collectées avec les "green bonds" profiteront au tissu des PME chargées de faire les diagnostics énergétiques et les travaux avec une forte incitation pour les entreprises innovantes qui vont avoir là un vaste champ d’action.

Créons donc, sans attendre l’adoption de la programmation financière pour 2014-2020 des politiques communautaires, les "green bonds" à un niveau suffisant, à hauteur par exemple de 50 milliards d’euros par an pour les cinq prochaines années.

Les "green bonds" ne sauveront à eux seuls ni la planète, ni l’Europe. Mais ils présentent l’avantage de montrer à la face du monde que les gouvernements européens sont capables de prendre leurs responsabilités politiques, financières et écologiques. Ils constituent aussi un utile rappel historique : l’Europe, avec la CECA et Euratom, s’est construite autour de l’énergie. Souhaitons qu’elle ne l’oublie pas aujourd’hui et qu’elle se reconstruise, après cette crise et dans l’harmonie politique retrouvée, en menant à bien sa transition énergétique et écologique.