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Alain Boublil Blog

 

68 milliards pour l’assurance vie au 1er semestre

Les Français continuent d’épargner massivement. Leur taux d’épargne financière avait battu un record au 1er trimestre avec 6% de leur revenu disponible. Ces chiffres seront probablement dépassés le trimestre suivant. Et l’assurance vie, avec environ 1580 milliards, soit autant que la dette négociable de l’Etat est de très loin leur placement favori, suivi par les différents livrets, le Plan d’épargne-logement et, malheureusement, bien avant les actions, qui, « bénéficient » d’une fiscalité défavorable. C’est ainsi qu’on peut « aimer l’entreprise » mais détester ses actionnaires. Au total, avec plus de 4000 milliards d’actifs financiers auxquels il faut ajouter près de 7000 milliards de biens immobiliers, les Français sont donc bien le peuple le plus riche d’Europe.

Cette particularité n’a pas échappé aux investisseurs internationaux puisque toute la semaine, qui vient de s’écouler, et une fois les turbulences liées à la crise grecque passées, le TEC 10, qui est l’indicateur qui mesure le taux d’intérêt à 10 ans sur la dette de l’Etat est repassé sous la barre des 1%, finissant à 0,93%.  Il se situe 32 points de base au dessus de la dette allemande, l’écart se justifiant par le moindre recours à l’endettement de notre voisin, qui a remis ses comptes publics en ordre, et la plus grande liquidité du marché de ses titres. C’est bien inférieur à ce que payent, par exemple, les Trésors américains et anglais.

Ce très haut niveau d’épargne est en outre sous-évalué, ce qui est rarement signalé, du fait de notre système de retraite par répartition : les cotisations retraite n’y figurent pas alors que si nous avions recours à des systèmes de capitalisation, les fonds  versés seraient considérés comme une épargne. Nos régimes complémentaires ont en outre accumulé un trésor de guerre de 70 milliards d’euros. Cette épargne considérable est donc suffisante pour couvrir les déficits publics et les discours catastrophiques sur les risques qu’ils font peser ne sont pas justifiés et détournent des vrais problèmes, à savoir l’utilisation de l’argent public. Ces discours nuisent à l’image de la France, sans bien sûr convaincre les professionnels qui se disputent pour souscrire aux émissions du Trésor.  

Depuis un an, ils sont même prêt à payer des intérêts négatifs pour toutes les échéances jusqu’à deux ans. La moyenne des taux des émissions supérieures à un an, à la date du 31 juillet, est de 0,57%, toujours suivant les chiffres publiés par l’Agence France Trésor. Ce chiffre est à rapprocher du taux moyen de la dette de l’Etat qui se situe autour de 2,5%. Comme les émissions sont à taux fixe, l’avantage de ces taux très bas se traduira par une baisse de la charge de la dette tout au long de la durée de vie de ces emprunts et cette baisse représentera plusieurs milliards chaque année. Il n’est donc pas  justifié, dans la loi de programmation des finances publiques d’escompter un augmentation de la charge de la dette de l’Etat. Bien au contraire, il est désormais acquis que celle-ci baissera de plusieurs milliards chaque année. Alors pourquoi avoir recours à un tel stratagème ? Pour une bonne et une mauvaise raison. La bonne raison, c’est d’utiliser ce moyen de pression pour freiner la dérive des dépenses publiques. Mais la mauvaise, c’est qu’elle permet de masquer l’échec de la politique de réduction des dépenses publiques. Au lieu de faire de vrais et récurrentes économies de fonctionnement, l’Etat s’en sort en affichant une baisse du déficit, qui n’est que le résultat de la baisse des taux, qui remonteront forcément un jour, et non de réelles économies.

L’Etat se fixe aussi comme objectif de réduire l’endettement public. Et une partie de la dette qu’il émet porte des taux artificiellement élevés, auxquels les investisseurs souscrivent en payant une prime d’émission. Ainsi quand l’Etat émet des OAT à 15 ans au taux de 3%, il les vend à 130% environ de leur valeur nominal, et si le montant de l’émission est de 4 milliards d’euros, il recevra en réalité plus de 5 milliards, la différence ne s’imputant pas sur les charges l’exercice, mais allant dans sa trésorerie, ce qui réduit sa dette nette. Mais les intérêts trop élevés par rapport à ce qu’il aurait pu obtenir, iront eux peser sur les charges des 15 exercices suivants. Même si ces émissions peuvent correspondre à une demande du marché, leur traitement dans les comptes publics devrait être corrigés pour mieux refléter l’équilibres des charges chaque année.

Seconde anomalie, pour ne pas dire inconséquence, l’Etat cède des participations publiques qui lui rapportent des dividendes souvent supérieurs à 4% pour réduire une dette qui lui coûte quatre fois moins. C’est absurde. N’importe quel épargnant comprend que si une banque lui prête comme c’est le cas aujourd’hui à 2% et qu’il a des placements solides qui lui rapportent le double, il n’a aucun intérêt à s’en défaire pour rembourser par anticipation cette dette qui lui coûte deux fois moins. Mais le pire n’est pas là. Il est dans l’annonce de cette politique, qui fait mécaniquement baisser la valeur des biens publics. Le marché anticipe une cession et l’Etat se retrouve doublement perdant : son bien est dévalorisé et ses revenus baissent plus que les économies de charge qu’il tire de son désendettement.

Une autre gestion de la dette publique est possible, dans ce contexte de baisse forte et durable des taux, fondée sur la transparence. Elle permettrait de mesurer la réalité de la baisse des dépenses improductives de l’Etat et ainsi de la rendre plus exigeante et efficace, et d’affecter les économies faites sur la charge de la dette au soutien de la croissance, comme c’est l’objectif implicite de la politique de la Banque Centrale Européenne.

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