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Alain Boublil Blog

 

Le nouveau jeu franco-allemand de François Hollande

Le réchauffement récent des relations franco-allemandes, après les propos du Parti socialiste et la campagne de la presse conservatrice en Allemagne, ne doit rien au hasard : il est lié aux échéances politiques outre-Rhin. Les élections générales se tiendront le 22 septembre et le président français parie sur le retour au pouvoir d’une grande coalition regroupant le SPD et la CDU d’Angela Merkel.

Les chances du FDP, l’allié libéral d’Angela Merkel, de dépasser les 5 %, condition mise par la loi électorale pour avoir des députés au Bundestag, se sont réduites avec la création d’un parti anti-européen, au mois d’avril, Alternative pour l’Allemagne, qui chasse sur les mêmes terres.

Et depuis 2009, la CDU a perdu trois importantes élections régionales et de ce fait la majorité au Bundesrat : la Rhénanie-du-Nord-Westphalie en 2010, le Bade-Wurtemberg en 2011 et cette année la Basse-Saxe, malgré une manœuvre maladroite consistant à demander à ses propres électeurs de voter pour le parti libéral pour lui permettre d’être représenté.        

La présence de François Hollande, le 23 mai, au 150e anniversaire du SPD, assis aux côtés de la Chancelière et de Sigmar Gabriel, le leader du parti social-démocrate revêt donc, dans cette perspective, un caractère hautement stratégique.

Une "grande coalition" permettrait une réorientation de la politique européenne bien plus conforme aux intérêts de la France et de l’Europe elle-même que la coalition actuelle. Cela n’a pas échappé aux dirigeants du parti libéral qui ne cesse depuis la visite de François Hollande de critiquer la politique de la France.

Cette question n’est pas nouvelle. Dès son élection, le président français avait compris que les difficultés de la zone euro résultaient bien plus des divisions au sein du gouvernement allemand qui gênaient la mise en œuvre des mesures nécessaires au sauvetage des pays en difficulté, à commencer par la Grèce, que de la situation effective de ces pays.

Et c’est la raison pour laquelle, pour éviter de placer la Chancelière en porte à faux, il avait systématiquement associé les dirigeants italiens et espagnols dans une sorte de "ménage à quatre" qui rompait avec le traditionnel tête-à-tête entre la France et l’Allemagne.               

On rappelle qu'à chaque fois que la Chancelière donnait son accord à des mesures décidées lors d’un sommet européen, des membres de son propre gouvernement, appartenant au FDP, en minimisaient la portée, voire la désavouaient, pour la plus grande joie de la spéculation internationale. Ils faisaient ainsi perdre tout le bénéfice des décisions intervenues après de laborieuses négociations, aggravant, de ce fait, en la prolongeant, une crise qui n’aurait jamais dû prendre de telles proportions si les mesures adéquates avaient été décidées et appliquées avec conviction plus tôt.

Ces divisions ne se sont d’ailleurs pas limitées aux questions économiques. Au lendemain du vote défavorable du Parlement européen au début du mois de mai sur la réforme des quotas de CO2, le ministre de l’Environnement, membre de la CDU, indiquait que ce n’était que partie remise et que l’Allemagne s’attacherait à trouver une solution pendant que le même jour, son collègue libéral de l’Économie affirmait que jamais l’Allemagne n’accepterait un système renchérissant les prix des énergies fossiles, ce qui était précisément l’objet de la réforme proposée par la Commission.

L’hommage rendu par François Hollande dans son discours de Leipzig aux "réformes Schröder" décidées en 2005 et mises en œuvre entre 2005 et 2009, période où l’Allemagne était dirigée par une grande coalition, constitue d’abord un soutien marqué au retour d’une alliance politique qui saura mettre l’accent sur la stimulation de la croissance en Europe bien plus qu’une adhésion au contenu de ces réformes et à une éventuelle transposition en France. L’austérité généralisée fait courir un risque majeur au projet européen, les peuples, comme ils l’ont montré lors des élections en Grèce, en Hollande ou en Italie s’en détournant. Seule une inflexion de la position allemande permet d’éviter ce risque.                                               

Tel est le sens du nouveau plaidoyer conjoint en faveur de l’emploi et de la croissance qui a été prononcé à Paris par François Hollande et Angela Merkel lors de la visite de travail de la Chancelière à l’Élysée le 28 mai, quelques jours après le discours de Leipzig.

Et quand celle-ci, lors de la Conférence de presse, déclare que "l’assainissement budgétaire et la croissance sont les deux faces d’une même médaille et ne sont en rien contradictoires" et qu’elle soutient la création d’un programme pour l’emploi des jeunes, elle rend la politesse au président français qui était venu saluer à Leipzig les réussites de l’économie allemande.

L’élection allemande n’est certes pas jouée. Mais une inflexion de la politique économique allemande qui pourrait en résulter constituerait certainement, pour François Hollande, une très bonne nouvelle, et peut-être la meilleure depuis le début de l’an II.

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